AFBH-Éditions de Beaugies 
AFBH

Les Jeudis du Songeur (9)

HISTOIRES NATURELLES

Je songe à cette époque, lointaine, où nous avions un chien… qui riait. On l’appelait Bouboule, et son prénom le rendait hilare. Quand on croise assez souvent ces chiens stupides qui vocifèrent inutilement, on doit trouver bien étrange que certains d’entre eux aient pu avoir, en ces temps-là, le sens de l’humour. Mais c’est ainsi. Un jour Bouboule nous a quittés. Il avait trouvé l’âme sœur, de l’autre côté de la colline.

*

Il y a un mois, j’ai assisté en direct à un événement que la science date de 1671. Je l’ai vu de mes yeux vu, je le jure sur l’honneur, dût-on douter de ma raison. J’affirme même que je ne suis pas le seul : des contemporains rationnels, bien de notre temps, l’ont observé en même temps que moi. Au point que certains l’ont filmé. Si je suis fou, ils sont aussi fous que moi, et dans ce cas, il faut bien convenir que ce qu’on appelle la réalité n’est autre qu’une folie partagée.

Il s’agissait tout simplement de l’explosion d’une étoile dont nous parviennent les débris.

J’en ai déduit qu’il me serait possible d’assister en direct à un concert donné par Chopin en 1835, il y a environ 180 ans. Il suffirait que les ondes produites par ce spectacle, jaillies vers l’espace à la vitesse de la lumière, se réfléchissent sur un astre situé à 90 années-lumière de notre planète, et nous reviennent tant bien que mal, en 2015, quelque part où puissent les capter des paraboles dernier cri.

*

Il m’est arrivé, en feuilletant mon carnet d’adresses, de tomber sur le numéro de portable d’une proche parente, récemment décédée. Pris d’un vertige immédiat, peut-être même d’une demande inconsciemment perçu, j’ai appelé. Et une voix me répondit.

J’ai alors songé que pareille aventure n’aurait pas pu se produire aux temps de l’opérateur historique, quand il était nécessaire que votre correspondant soit au bout du fil pour échanger.

Il faudra que j’en dise un mot à un certain « Père François Brune », spécialiste en communications avec l’au-delà (voir sa notice sur Wikipédia).

*

L’été dernier, je marchais dans les bois, à l’heure où la verdure s’obscurcit. Tout à coup, je me retourne : là, dans le chemin, à quelques pas de moi, un gros sanglier me fixait sombrement. Je l’ai regardé. La lueur de ses yeux me parut familière. « – Qu’est-ce que tu fais ici ? », lui dis-je.

Et il me répondait avec la voix de mon père...

*

Le Songe, parfois, accède à la dimension du Rêve.

Le Songeur  (20-03-14)



(Jeudi du Songeur suivant (10) : « LAISSER DU TEMPS AU TEMPS ? »)

(Jeudi du Songeur précédent (8) : « LA GALÈRE ET L’ÉTAT DE GRÂCE »)