AFBH-Éditions de Beaugies 
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Les Jeudis du Songeur (343)

PHILIPPE BOUVARD ET MOI…

Le 5 mai 1981, il y a 43 ans mois pour mois, et presque jour pour jour, il se produisit à la fois à la télévision une petite altercation rituelle et un événement historique.

La petite altercation eut lieu le soir sur TF1 entre deux candidats à la présidence de la République, Valéry Giscard d’Estaing, et François Mitterrand. Si je m’en souviens bien, le premier avait dit à l’autre « Vous êtes l’Homme du Passé », et le second lui avait répliqué, après sept ans de mûre réflexion : « Vous êtes l’Homme du Passif ».

Escarmouches mineures, avouons-le.

Le vrai débat historique, lui, devait se produire vers 12 heures à la télévision, sur l’A2, entre Philippe Bouvard, journaliste de talent, favorable à la pub, et François Brune, intellectuel gauchisant, contempteur de l’idéologie dominante. Était d’ailleurs aussi présent, comme pour arbitrer les deux célébrités, le Président du Loto en personne, dont j’ai vite oublié le nom (Maurice Caradet, semble-t-il).

Ce détail mis à part je me souviens assez bien de cet échange. J’éprouvai dès le matin quelque appréhension, en faisant mes heures de cours au lycée, sous les yeux amusés de mes élèves, avec qui j’entretenais parfois une certaine complicité, au point de les avoir informés de ce grand oral que j’avais à soutenir. Dans cette émission intitulée « Passez donc me voir », Philippe Bouvard invitait en général quelques personnages d’actualité du milieu des médias ou variétés.

Qu’allais-je faire dans cette galère ?

L’assistante de mon Interviewer, quelques jours plus tôt, m’avait demandé de lui résumer le contenu de mon livre, Le Bonheur conforme, pour préparer l’émission, non sans s’alarmer quelque peu de la radicalité de mon propos (« Il n’y a rien de bien, alors, dans la publicité ? » m’avait-elle dit tristement).

Dès mon arrivée, dans les coulisses de l’exploit, Philippe Bouvard m’accueillait plutôt affablement, d’une poignée de mains dont il sentit sans doute que la mienne était humide. Il était curieux de ce que je pouvais avoir l’air d’être, en tant que professeur « publiphobe » ne détestant pas pour autant ses élèves.

Dès ce premier échange, gentiment ironiques, il me mit à l’aise, prompt à répondre. Comme je lui disais que je donnerais des exemples pour éclairer mon propos, il me surprit toutefois en me demandant de ne citer aucune marque, pour éviter que des professionnels exigent des « droits de réponse ». Et je ne sais pourquoi, ce petit entretien lui inspira de débuter par mon cas (pendable) la séance de ce jour, ce qui n’était pas prévu, me confia son assistante. La suite, je l’ignorais : allais-je être croqué par ce fauve placide ?

Vous allez le savoir en consultant la vidéo de ce débat, malgré les quelques défauts de certaines images mal conservées, ici : interview de François Brune par Philippe Bouvard.

Le Songeur  (02-05-2024)


 Nota bene : un florilège d'interview et de conférences de François Brune vient d'être rassemblé sur le site des éditions de Beaugies.



(Jeudi du Songeur suivant (344) : « TOUT SE TIENT » )

(Jeudi du Songeur précédent (342) : « À LA MANIÈRE DE L’ÉTRANGER (CAMUS) » )