Les jeudis se suivent… et diffèrent parfois.
Voici, en contrepoint ou en contre-pied du « Jeudi 175 »*, sous la signature de J.-Cl. Guilhon, le témoignage d’un fidèle de l’AFBH :
« Je ne suis pas féministe parce j’ai épousé une féministe, ce qui a été l’erreur de ma vie, erreur pleine de vertu d’ailleurs, en ce qu’elle m’a aussi permis de ne plus rester ce « jeune homme » pétri d’illusions que j’étais.
Je ne suis pas féministe parce que je ne suis pas non plus « hoministe » et que je désire m’inscrire dans une complicité des sexes, et non dans une lutte des sexes.
Je ne suis pas féministe parce que, si la caricature ultime du masculin est la brute tueuse, son pendant féminin est la pute qui monnaye tout, de l’accès à son sexe jusqu’à sa présence.
Je ne suis pas féministe parce que je me méfie au moins autant de la mère archaïque englobante et étouffante que du père archaïque violent et tyrannique, le second ayant l’avantage de ne pas présenter sa tyrannie sous un masque souriant et consolateur.
Je ne suis pas féministe parce que, hommes comme femmes, nous ne venons pas à égalité du père et de la mère, mais seulement de cette dernière qui nous laisse tous, dans l’Inconscient, le souvenir d’un paradis perdu où « ça baigne » sans fin…
Je ne suis pas féministe parce qu’il sera toujours plus tentant de vouloir retourner vers la Mère archaïque qui console (la « mater », materia, matière et matrice), que vers le Père qui indique, aux hommes comme aux femmes, le chemin du détachement, de l’absence, et au bout, de la mort.
Je ne suis pas féministe parce que, justement, l’époque est à la grande régression vers cette mère archaïque, comme l’expliquent patiemment, à contre-courant, mes confrères psys, Jean-Pierre Lebrun, Aldo Naouri, Dominique Barbier, Alain Valterio, Valérie Arrault, Alain Troyas, etc. – lesquels montrent à quel point, parallèlement, le père est refoulé.
Je ne suis pas féministe parce que notre société est « misandre », ce qui est très logiquement le fruit d’un capitalisme libéral qui veut faire régresser chacun de nous à l’« âge du sein », comme le montre François Brune dans Le Bonheur conforme (p. 66).
Je ne suis pas féministe parce qu’un homme ne peut être homme que s’il est institué et fortifié dans sa fonction ingrate de sevrage, cette nécessaire séparation de l’enfant – la fille mais plus encore le garçon – de la mère.
Je ne suis pas féministe parce que, plus que jamais, nous avons besoin d’Hommes, non pas de « bourgeois » obsédés de sécurités maximales, au point de se soumettre à la nouvelle emprise féminine, mais d’hommes libres, lucides, maîtres de leurs sentiments, virils, battants, forts, poètes, créateurs, rocs enfin pour leurs femmes qui ont légitimement besoin de s’appuyer sur eux. »
Jean-Claude Guilhon (04-10-2018)
* Pourquoi je suis féministe.
(Jeudi du Songeur suivant (178) : « DE LA MOUSTACHE » )
(Jeudi du Songeur précédent (176) : « MÉMOIRES D’UN PRÉSIDENT : PEUT-ON REVIVRE LE FUTUR DE SON PASSÉ ? » )