Merci les heures et les semaines

Merci les mois et les saisons

Merci les Ans, et même les Vingt ans,

Vous tous, domestiques du Temps qui va, et me façonne !

Car si j’existe chaque jour, du matin jusqu’au soir,

Merci au fil des heures dont le battement d’ailes balise mon chemin

À longueur de temps, c’est le cas de le dire,

Sans souffler, même un instant

Sans prendre congé, un seul moment !

Merci aux secondes qui meurent, et à celles qui demeurent,

Comme des points de suspension se prolongeant sans fin…

Merci aux quarts d’heure qui n’en finissent plus dans l’attente de soins,

Parfois palliatifs

Merci aux semaines qui nous frôlent, volatiles,

Merci aux éclats de joie qui jamais ne nous blessent

Merci aux Heures de chagrin qui sont aussi la Vie

Merci aux Jours de l’An qui se muent en silences d’oubli,

Merci à ces moments perdus où l’on apprend à ne rien faire,

Merci même aux temps morts, qui préparent au repos terminal,

Merci aux nuits ardentes qui accouchent du Jour toujours prêt à renaître !

Merci à Toi, ô Temps, qui sédimentes sagement le fin fond de mon être

En poursuivant ton vol qui me trace la route !

Merci à vous nanosecondes et décennies, journées, années et demi-siècles

Qu’engloutit sans répit le trou noir du passé !

Merci aux Heures, humbles Servantes,

Qui ne semblent nous fuir que pour mieux revenir :