La nouvelle est si vite passée que j’ai eu du mal à la retrouver : or, elle prouve que j’avais raison !
J’avais raison de rêver, songer, rêvasser. C’est une forme d’intelligence créatrice, supérieure, indispensable ! C’est par là, et par là seulement, qu’on refait le monde.
Vous en doutez ?
Lisez donc ceci :
« Des chercheurs américains estiment que la rêverie pendant la journée serait un signe d’intelligence et de créativité.
« Tant que nos rêveries n’affectent pas nos performances au travail, où ailleurs, pourquoi se priver ? D’après une étude publiée par la revue Neuropsychologia et menée par les chercheurs du Georgia Institute of Technology, aux États-Unis, rêvasser pendant la journée serait un signe d’intelligence et de créativité. Alors, si votre esprit est ailleurs pendant la réunion de l’après-midi, ne culpabilisez pas.
« Les scientifiques ont étudié les modèles cérébraux de 112 volontaires à qui ils ont demandé de ne pas bouger et de ne rien faire en regardant un point fixe pendant cinq minutes, allongés dans un appareil d’IRM (imagerie par résonance magnétique). Les participants à l’étude ont également répondu à un questionnaire concernant leurs rêveries quotidiennes. Conclusion : les personnes qui déclarent rêvasser le plus souvent pendant la journée ont obtenu de meilleurs résultats aux tests créatifs et intellectuels. Leurs IRM ont également montré que leurs systèmes cérébraux sont plus efficaces que les non-rêveurs, car différentes régions du cerveau sont synchronisées les unes avec les autres.
« Ces résultats ont surpris les chercheurs, car des travaux antérieurs avaient associé l’errance mentale à des troubles de l’humeur, des troubles mentaux, une mauvaise mémoire et une performance médiocre aux tests de compréhension de la lecture. Or, "la rêverie éveillée ne fait certainement pas de mal au processus cognitif, et peut même l’aider", affirme Christine Godwin, co-auteure de l’étude. »
Tel quel.
Voilà bien le génie des chercheurs américains. Je n’invente rien, j’ai recopié cet article d’un magazine de santé. Et ces chercheurs sont loin d’être fous, puisqu’ils ajoutent avec un étonnant bon sens :
« La chercheuse précise que dans certaines situations, comme lorsqu’on conduit ou lorsqu’on a besoin de se concentrer, cette habitude peut se révéler dangereuse. Dans ce cas, le cerveau nous signale qu’il a besoin d’une pause. Mais rêvasser pendant qu’on étend le linge ne nous fait courir aucun risque. »
Il est vrai ! J’en ai fait l’expérience : en étendant mon linge, je reçois moins de contraventions (pour dépassement de vitesse) qu’en conduisant ma voiture.
Je confirme donc en tout point les conclusions de cette recherche américaine qui rend enfin justice à ma principale occupation (songer). Quel bonheur ! J’en ai les larmes aux yeux !
Merci l’Amérique ! Merci l’IRM !
Shakespeare disait sans doute, il y a longtemps : « Nous sommes faits de l’étoffe de nos rêves ».
Hugo ajoutait d’ailleurs : « Savoir, penser, rêver. Tout est là. »
Et Guéhenno : « Nous ne faisons pas la part assez grande à ce que furent nos rêves. Ce sont eux, cependant, bien plus que nos actes, qui nous accordent avec le temps et le monde. »
Sans parler de l’épistémologue Bachelard, qui osait dire : « Un être privé de la fonction de l’irréel est un névrosé aussi bien que l’être privé de la fonction du réel. »
Que penser de ces approximations ? Que ces auteurs n’avaient rien prouvé pour autant ! L’Amérique, elle, sait vraiment de quoi il retourne. Sa science expérimentale, ses capacités techniques et ses tests grandeur nature me confondent et ravissent tout à la fois.
La cause est désormais entendue : il n’y aurait pas de statues de Michel-Ange sans les rêves de Michel-Ange.
Le Songeur (30-11-2017)
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