(Situation de la France, fin mars 2017)
1/ Par le triste effet de la mondialisation, l’industrie textile française s’est trouvée réduite à presque rien au cours des trente dernières années.
2/ L’ex-ministre de l’économie, Emmanuel Macron, volontariste et diplomate, et qui s’en alarmait, n’a pas manqué de dire aux ouvriers français, dès 2016 : « Si vous voulez vous payer un costard, il faut travailler. » C’est par là, évidemment, que devait se produire le renouveau de notre industrie textile.
3/ De son côté, dans le désir de relancer à sa façon notre filière en déshérence, François Fillon s’est fait offrir en février 2017, par un donateur de bonne foi (au demeurant grand promoteur des relations franco-africaines), deux costumes au coût de 13 000 euros. Bravo.
4/ Les médias, ayant eu vent de cette mystérieuse emplette, en ont largement diffusé la nouvelle, de façon en général très critique, mais qui va finalement dans le bon sens, puisque cette campagne calomnieuse a précisément pour définition : tailler une veste à quelqu’un.
5/ On aurait eu bien tort, à la réflexion, de s’offusquer du prix des dits costumes faits sur mesure. Le personnage à revêtir, faussement linéaire et carré, est en effet plein de détours, de combines, d’artifices, de contours et de mauvais tours, ce qui rendait très difficile de lui confectionner des habits droits et transparents.
Or, cela va de soi, plus le coût d’un vêtement est élevé, plus le chiffre d’affaires de notre filière textile s’en trouve regonflé, ce qui est bon pour la croissance.
Mais ce n’est pas tout. Le 23 mars dernier, le scrupuleux Fillon passait aux aveux et annonçait à la télévision qu’il avait rendu ce costume à son donateur, après l’avoir tout de même essayé et porté. Du gâchis, allez-vous dire, vu les mensurations du donateur ? Pas du tout ! Comme le candidat à la présidentielle n’est pas apparu tout à fait nu à l’écran, malgré sa confession, il s’était manifestement racheté un costume à ses frais. Ce n’est donc pas broder que de voir là un nouveau coup de pouce de sa part, généreusement accordé à notre filière textile !
6/ Parallèlement, Pénélope, son épouse, n’a pas manqué de remplir sa mission d’assistante parlementaire en confectionnant des pulls et autres vêtements. La porte-parole de son époux l’a clairement signifié : « Une attachée parlementaire peut très bien être payée à tricoter. » Certes, le Parquet national financier n’a pas retrouvé trace de cette activité ; mais c’est hélas pour n’avoir pas poussé assez loin ses investigations. Un peu de culture minimale lui aurait rappelé le destin historique auquel aucune Pénélope ne saurait échapper : elle est vouée depuis toujours à détricoter la nuit ce qu’elle tricote le jour. Il n’en reste donc pas de traces. On aimerait que les Juges en tiennent enfin compte !
7/ L’assemblée des amis de François Fillon a sans doute été fasciné par son exemple. On sait que, fin février/début mars, pour bien montrer qu’ils ont foi dans le textile français, la plupart des députés républicains ont d’abord retourné leurs vestes, manifestant ostensiblement qu’il s’agissait là de produits « made in France ». Personne n’ignore en effet que le « retournement de veste » est une spécialité française, internationalement reconnue, de notre microcosme politique. Les intéressés l’ont d’ailleurs vite confirmé en retournant à nouveau leurs vestes, mais cette fois pour les remettre à l’endroit, comme avait coutume de le faire le bon roi Dagobert en changeant de culottes…
8/ Fort de ce soutien, rien n’arrêtera François Fillon dans son désir de sauver le textile français. Les spécialistes de la question, sondages à l’appui, savent déjà qu’il s’apprête à bientôt s’offrir le plus cher costume de France qu’on puisse imaginer, dont le coût avoisine peu ou prou ses dépenses électorales : et c’est précisément la veste monumentale qu’il va se prendre le 23 avril prochain, et qu’aucun de ses amis ne réglera à sa place.
Le Songeur (30-03-2017)
SCOOP ! Le croirez-vous ? Des journalistes vous l’ont-ils révélé ? Il paraît que les Mémoires d’un futur Président, ouvrage de jeunesse du preux François Brune, viendraient d’être republiés à l’occasion des présidentielles ! Il faut le croire pour l’aller voir… LE WEBMASTER.
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